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Par Seb Beloe, collaborateur, direction de la recherche, gestion d’actif WHEB

« Donnez-moi un enfant jusqu’à ces 7 ans et je vous rendrais l’homme ». Cette citation d’Ignace de Loyola, principal fondateur de la Compagnie de Jésus, signifie qu’une grande partie de notre caractère se construit assez tôt pendant l’enfance. Par la suite, il est difficile de le changer.  Aujourd’hui, les psychologues appellent ce processus la « cognition culturelle » : une tendance que nous avons à conformer nos croyances à des valeurs qui définissent notre identité culturelle. Les gens ne changent pas beaucoup d’avis, car ils pensent que ce qu’ils croient est souvent lié à qui ils pensent être.

Généralement, ils ont également tendance à avoir des idées arrêtées sur l’investissement éthique. Pour la plupart des experts financiers qui s’enorgueillissent de leur capacité à être objectifs, l’investissement éthique est synonyme de sous-performance. Ils pensent que le simple fait d’introduire des considérations morales à des décisions d’investissement signifie accepter inévitablement que l’ensemble du portefeuille génère un rendement inférieur.

Cette idée est peut-être vraie lorsque ces décisions sont prises en s’appuyant uniquement sur la morale. Mais dans certaines situations, notamment les problèmes environnementaux, les principales décisions ne sont généralement plus prises en fonction de la morale. Répondre aux enjeux (changement climatique, pénurie d’eau et pollution de l’air, entre autres) est aujourd’hui une considération moins éthique que commerciale, juridique et technologique. Une chose est sûre, investir dans une entreprise qui fabrique des moteurs de voitures plus propres réduit clairement la pollution de l’air. Un tel investissement s’explique par la demande rapide et grandissante de ce type de technologie, car les régulateurs à travers le monde forcent l’industrie automobile à s’inscrire dans une démarche plus écologique.

frederic hottinger

WHEB est une entreprise d’investissement qui mise sur des entreprises ayant un « impact positif ». Nous avons découvert que les entreprises qui font face à des questions clés relatives au développement durable telles que l’efficacité des ressources, les transports durables, la santé et l’éducation ont vu leur taux de croissance énormément progresser contrairement au reste du marché dans son ensemble. Depuis ces 5 dernières années, nos recherches ont montré que la croissance des ventes a atteint un taux historique entre 8 et 9 % par an pour les entreprises qui se sentent concernées par ces sujets. En revanche, les autres entreprises sur le marché (comme l’indique le MSCI mondial) ne sont qu’à 5 %. Dans un monde où la croissance n’est plus si soutenue, cette partie du marché continue, elle, a bénéficier d’une croissance conséquente et durable.

Et l’investissement éthique dans tout ça ? L’investissement éthique est apparu en réponse à des inquiétudes morales particulières dans certains secteurs. Il a été défini par les domaines dans lesquels il n’y a pas eu d’investissements. Mais le monde évolue. Les problèmes cruciaux que nous rencontrons dans nos sociétés restent le vieillissement de la population, l’urbanisation et les enjeux environnementaux. Le libre marché a trouvé une réponse grâce à des entreprises développant de nouvelles technologies et de nouveaux modèles d’entreprises qui aident à résoudre ces problèmes. Pourrions-nous appeler ça de l’investissement éthique ? Nous pourrions. Mais c’est aussi simplement et surtout un bon investissement.